Ta vie est loin d’être celle qu'ils imaginent. Tu n'as pas grandi dans un milieu aisé, entouré de l’amour de tes parents. La vie n’a jamais été rose pour vous, petite famille des bas quartiers. Ta mère, cette petite femme de ménage, rencontra ton père, ce bel américain expatrié en Corée pour quelques mois, qui avait fui comme un lâche quand il avait appris que cette dernière attendait des jumeaux. Ta mère a toujours aimé les lâches puisqu’elle s’est remise avant votre naissance, avec un homme qui passait son temps à la battre. En ce qui vous concerne, vous êtes arrivés dans le chaos le plus total, lors d’une belle journée de mars. Ton frère et toi, étiez nés à 5 minutes d’intervalle. Puisqu’il était sorti le premier, Manoe avait toujours décrété que c’était lui, l’ainée. Manoe était donc le prénom de ton frère jumeau. Ce qui était bien, c’était que votre mère, n’ayant aucune inspiration pour la suite de vos prénoms, avait indiqué le prénom de l’un et de l’autre, en second. Ce qui donnait pour toi, Mélohé Manoe et pour ton frère, Manoe Mélohé.

Lorsque vous étiez enfants, la seule chose qui vous distinguait ton frère et toi, était votre caractère. Tu étais la glace, il était le feu. Tu étais la force tranquille, il était la tempête qui menaçait. Toujours prêt à faire des bêtises, Manoe ne ratait jamais une occasion de faire une catastrophe, qui mettrait votre mère hors d’elle. Alors que toi, Mélohé, tu passais ton temps à chanter et à danser. Autant dire qu’avec deux garçons, la vie de votre mère n’était pas de tout repos. Après quelques années passées sous l’emprise de votre beau-père violent, elle décida de le mettre à la porte afin de refaire sa vie avec l’homme riche devenu veuf, chez qui elle faisait le ménage. Un revirement de situation plutôt brutal. Vous avez du changer de maison. Vous avez changé d’école et perdu tous les amis que vous aviez. On vous avez balancé dans une école luxueuse où vous étiez vu comme les petits pauvres devenus riches suite à la bonté d’un homme fortuné. Vous aviez l’impression d’être des parias. Enfin, Manoe avait l’impression d’être un paria. En ce qui te concerne, tu t’étais plutôt bien adapté à cet univers. Tu apprenais beaucoup de choses et d’ailleurs, tu aurais pu sauter une classe si tu n’avais pas eu peur de laisser ton frère seul. C'est d'ailleurs à cette époque que tu fis la rencontre de celui qui allait devenir ton meilleur ami, Jun.


Les années passèrent, et la vie de misère que vous aviez connu, n’était qu’un lointain souvenir. Votre nouveau beau-père était généreux avec vous. Vêtements de luxe, dernières baskets à la mode. Rien n’était trop beau pour vous. Enfin, rien n’était jamais de trop pour impressionner votre mère. Elle, qui s’était tant occupée de vous pendant toutes ces années, avait rendu son tablier pour les soirées mondaines, vous laissant livré à vous-même avec les baby-sitters. C’est à partir de cette période que Manoe a basculé vers le mauvais côté. Il ne supportait pas cette vie, et plus les années passées, plus les conneries devenaient de plus en plus régulières et graves. Au collège, c’était le vol et le racket. Au lycée, le niveau était monté avec le deal de drogue et les mauvaises fréquentations. Même si tu ne cautionnais pas les agissements de ton frère, tu gardais toujours un œil sur lui. Il était ta moitié, ton univers. Il t'était donc inconcevable de le laisser seul, livré à lui-même et à ses problèmes.

Un jour, alors que vous étiez sortis en boite de nuit, Manoe décida de rentrer avec l’un de ses copains aux allures de voyou. Il était beaucoup plus âgé que Vous. 25 ans, si tu en crois ton instinct. Alors que vous, vous aviez à peine 16 ans. Malgré tes supplications, Manoe décida de s’en aller avec ce type, plutôt que d’attendre le chauffeur de votre beau-père. C’est la dernière fois que tu le vis. Plus tard dans la nuit, ta mère reçu un appel de la police. Ton frère avait été tué suite à une dispute entre gang de dealer. Un drame. Tu me sentais complètement mort et ... Vide. Tu avais perdu ta moitié. La seule personne qui te complétait et qui te comprenait. Manoe s’en était allé. Le jour de son enterrement, fût l’évènement le plus dur qu’il t’ait été donné de vivre. La douleur qui t’envahit à cet instant, était telle qu’elle te changea à jamais. Refusant d’admettre la vérité, tu te renfermas sur toi-même et tu commenças ta descente aux enfers. Tes notes à l’école chutèrent, tu te mis à te battre pour un oui ou un non. La seule chose qui te maintenait inscrit au lycée, était les pots de vin que ton beau-père versait à l’établissement. Les années passèrent et tout comme ton frère, tu glissas vers le fond. Entre les mauvaises fréquentations et la drogue, tu avais l’impression d’être proche de mon frère et de maintenir votre lien, vivant. Même son caractère avait déteint sur toi. D'agneau, tu étais passé à very bad boy.

Alors que tu venais de fêter tes 20 ans, on t’a diagnostiqué une sclérose en plaque de forme rémittente. Une maladie génétique que ta mère n’avait pas déclarée mais qu’elle possédait dans ses gênes. Tout a commencé par des troubles de la mémoire, puis par des troubles de l’équilibre et des problèmes de coordination. Le diagnostic pris du temps avant d’être posé. La maladie évoluait par poussée. L’annonce de ta maladie, tomba comme un coup de massue. Ta mère était dévastée et toi, tu étais complètement perdu. Les conneries, c’était bien mais tu ne pouvais plus gâcher ta vie de cette façon. C’est ainsi qu'après ton service militaire, que tu as évidemment fait en même temps que ton meilleur ami, tu décida de t’inscrire à la Korea National University of Arts afin d'y étudier le chant. Cette passion totalement dévorante, qui t'obsédait depuis ta plus tendre enfance. Là-bas, tu pris tes études au sérieux. Petit à petit, tu repris le cours de ta vie là où tu l’avais laissé. Tu déménageas de chez tes parents et tu emménageas dans un petit appartement près de l'université. Durant toute ta scolarité, ton beau-père accéda à la moindre de tes demandes financières.

Depuis la fin de tes études, de l'eau a coulé sous les ponts. Après avoir obtenu ton diplôme, un label t'a approché. Grâce à lui, tu as pu lancer ta carrière musicale. Beaucoup de tes chansons sont de ta plume. Rare sont celles que tu n'as pas composées. L'écriture te permet d'extérioriser tes pensées les plus profondes et les sentiments que tu refoules depuis toutes ces années. Ton style musical attire de plus en plus de monde à tes concerts. Les ventes de tes disques explosent. Les femmes sont totalement fans de toi. Aujourd'hui, après une tournée mondiale qui a duré plus de deux ans, tu as décidé de reposer tes valises dans ta ville natale.