LIAR LIAR

@Oh Jimin
Bon sang ! j'en crois pas mes yeux. Cette maison c'est tout ce que je ne pourrais jamais m'acheter et rien que d'imaginer son prix j'ai le cœur qui se serre. On doit vraiment mener une vie de rêve quand on possède un patrimoine pareil. Cette pensée suffit à elle seule à me faire hésiter, le pas chancelant aux abords de la propriété et mes talons qui semblent vouloir s'ancrer dans le goudron. J'ai l'impression qu'il gondole sous l'effet du soleil brûlant. Ce n'est tellement pas raisonnable de rester dehors par une chaleur aussi étouffante, surtout pas dans mon état mais c'est seulement maintenant que je m'en rends compte.

Je serre entre mes doigts le petit bout de papier sur lequel est inscrite l'adresse que l'on m'a donné. J'ai du faire des pieds et des mains pour l'obtenir, passer un nombre incalculable d'appels téléphoniques et user de ma situation précaire pour obtenir les réponses que je voulais. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à comprendre à quel point l'homme avec lequel je filais le parfait amour depuis des mois et que je pensais connaître mieux que personne était en fait une énigme, même pour moi. En dehors de ce que nous partagions, je ne savais presque rien de lui et de la vie qu'il menait avant que nous nous rencontrions. J'étais sur le point de me présenter à son ancienne compagne dans ce que j'estimais être mon acte d'ultime espoir... sans ça qu'est-ce que je pouvais bien faire d'autre ? Dans trois mois j'accoucherais d'un enfant qui n'avait plus de père et rien que ça en soit, contenait déjà trop d'informations que j'avais encore du mal à procéder et qui faisaient naître en moi ce sentiment d'insécurité mêlé à une anxiété que je ne voulais pas admettre avoir beaucoup de mal à gérer.

Je voulais en finir au plus vite avec ces odieuses présentations qui ne raviraient personne. J'étais venue là avec un seul but et celui-ci était dicté par un pur instinct de survie. Yong Sun et moi avions quelque chose de spécial et même s'il n'était plus là aujourd'hui, j'avais moi quelque chose d'encore plus spécial dont je devais m'occuper seule et qui ne disparaîtrait pas avec lui. C'est ce qu'il aurait voulu... cet enfant il l'aurait élevé comme le sien, j'en étais persuadée et je réclamais en son nom ce qui lui était dû. Cette pensée me donna suffisamment de courage pour presser très distinctement la sonnette de cette maison qui me faisait froid dans le dos et plus le temps passait jusqu'à ce que l'on vienne m'ouvrir, plus je sentais mon impatience jouer avec mes nerfs et mon cœur tambouriner dans ma poitrine.

LIAR LIAR

@Seo Eunbi

Jimin n'a jamais cru aux rêves prémonitoires. Elle avait entendu des témoignages, et bien que les personnes qui les racontaient semblaient fiable, Jimin n'a jamais réussi à les croire à 100%. Un doute subsistait. Peut-être était-ce de simples coïncidences?

Mme Oh s'est réveillée de très mauvais humeur, ce matin. Faites attention. C'est ce que se murmuraient ses employés de maison. Leur maîtresse semblait prête à leur bondir dessus à la moindre erreur. Les cernes sous son visage indiquaient qu'elle avait mal dormi.

En fin de matinée, juste avant leur déjeuner, prise d'une envie de se défouler afin de calmer ses nerfs, Jimin a chaussé ses baskets, et s'en est allée pour faire un jogging sous les airs perplexes de ses employés. Elle avait un mauvais pressentiment et elle n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. Elle n'arrivait pas à oublier ce dont elle avait rêvé la nuit dernière.

Un cauchemar plutôt. Yong-Sun avec un bébé dans ses bras. Un bébé qui n'était pas le sien. Et pourtant, il regardait ce petit être avec tant d'amour. Ce n'est pas notre enfant, Yong-Sun! Elle avait hurlé. Une voix féminine sans visage lui avait répondu à la place de l'homme. Parce que c'est le nôtre.

Ridicule. Son mari lui manquait énormément et son stupide cerveau, au lieu de lui rappeler de bons souvenirs, créait d'horrible cauchemars.

Elle parcourt le petit quartier résidentiel environ cinq fois avant de s'arrêter. Elle est essoufflée, plus que d'habitude. Elle finit sa course en marchant, ses yeux plissés essayant de distinguer la figure qui se tenait devant chez elle. Jimin n'avait aucun invité de prévu aujourd'hui. D'ailleurs, elle n'avait jamais vu cette personne. Son regard se porta sur le ventre arrondi de la jeune femme et un frisson parcouru son dos.

Alors qu'elle se rapprochait du porche, elle entendit sa gouvernante répondre à l'inconnue. "Mme Oh n'est pas présente. Comment vous appelez-vous, je l'inform-" La cinquantenaire ne finit pas sa phrase car elle finit par remarquer l'arrivée de sa patronne. "Ah Mme Oh, cette charmante demoiselle souhaiterait vous parler, vous tombez à pique."

Jimin la dévisage. La petite vingtaine, le visage encore marqué par l'adolescence. Elle inspire la pureté, même si elle est surement loin d'être innocente. Une beauté naturelle. "Qui êtes vous?" Elle demande sèchement. Jimin est fatiguée, mentalement, physiquement et elle ne veut pas se l'avouer mais le ventre de la jeune femme l'a rend mal à l'aise à cause de ce fichu cauchemar. Ridicule.