Comme s'il s'agissait de la réalité, tu te réveilles dans ton lit douillet, après avoir entendu un bruit dans la chambre. Paniquée, tu regardes autour de toi et souffle en voyant le lit vide à côté de toi. Il doit être encore parti dormir chez Jun, tu te dis, en replaçant les draps. Le myocarde qui bat fort mais lentement et la gorge qui se referme, tu as l'impression que t'es sur le bord de faire un malaise. Ça fait des jours déjà que vous ne vous êtes rien dit, des jours que tu attends des excuses sans en faire toi, la première. Comment peut-il te mentir en pleine face et te tenir pour responsable ? Ça ne fait aucun sens et pour une fois, tu comptes tenir ton bout du bâton... sauf que tu n'avais pas du tout envisagée qu'il puisse tenir le sien aussi longtemps, lui aussi. Les trois jours de silence, se transforment en un mois et tu te réveilles encore toute seule dans ce lit qui te semble aussi grand et glacé que l'océan Atlantique. Tu sursautes en le voyant apparaître devant toi avec un air blasé. Il retire ses vêtements, te rejoins dans le lit et s'enfonce sous les draps en te tournant le dos. T'as envie de pleurer, mais tu n'y arrives pas. Tu veux le toucher, mais tu ne peux plus bouger. Tout ce que tu peux faire, c'est le regarder, mais éventuellement tu finis par t'endormir et te réveiller assise sur le canapé, au beau milieu de la nuit. T'as plus la notion du temps et lorsque t'essaie de lire la date et l'heure sur ton téléphone, il n'y a rien qui semble faire du sens. Est-ce que c'est coréen, ou est-ce que c'est d'une autre langue ? Quoi qu'il en soit, tu ne comprends rien et tu ranges ton portable. T'es fâchée, tu ne sais pas pourquoi, mais tu bouilles par en dedans. C'est lorsque tu remarques les valises à côté de toi, que tu finis par comprendre ce que tu attends. Mélohé. T'attends qu'il rentre, pour lui faire tes derniers adieux. Tu te lèves en entendant la porte s'ouvrir et prend les poignées de tes valises en main. Pas un mot, comme tous les derniers mois que vous avez passés à vous ignorer, en espérant au fond que l'autre fasse les premiers pas. T'en peux plus maintenant et, tu t'apprêtes à lui dire avec le cœur coincé dans la gorge. Tu l'aimes, ton Mélohé... Alors pourquoi est-ce que t'es aussi fâchée ? Pourquoi est-ce que t'es aussi sûre de toi, de vouloir le quitter ? Tu fais face à ta plus grande faiblesse, mais aussi à ta plus grande force, en attendant encore une fois qu'il soit le premier à dire un truc. Rien. Tu pouffes un rire sarcastique, plus énervée que jamais. Rien ? Aucune réaction, vraiment ? Wow, j'avais tort de te traiter de menteur... C'est vrai que tu t'en moques vraiment, de nous. Ou de moi, tout court. Tu roules des yeux et tire sur tes valises, le contourne pour t'approcher de la sortie.

Contrarié par cette nouvelle prise de tête qui vient de se déclarer entre toi et Aeri, tu t’endors une nouvelle fois en lui tournant le dos. Tu es contrarié et tu ne pensais pas le rester aussi longtemps … Un mois semble s’être écoulé depuis cette soirée. Un long mois pendant lequel tu as passé ton temps à aérer entre l’agence, l’appartement de ton meilleur-ami, la chambre d’amis et … Votre lit dans l’espoir que ce mur qui s’est dressé entre vous, finisse par s’effondrer. Tu n’es plus que l’ombre de toi-même et c’est pour cette raison que tu n’arrives même plus à te souvenir de la dernière fois où tu l’as prise dans tes bras. Ton dernier Je t’aime, tu es incapable de t’en souvenir, aussi. Un mois, soit 30 jours, ça fait long quand tu attends que quelqu’un finisse par rendre les armes. La première semaine, tu as juste espéré qu’elle finisse par t’attraper et te coincer dans ce fameux placard qui rime comme votre drapeau blanc mutuel. Tu te serais sûrement excusé et tu aurais pris le temps de lui expliquer pourquoi tu lui as menti au sujet de ta mère, si elle t’avait tiré jusque-là. Seulement, elle ne l’a pas fait et … Tu attends toujours. En réalité, tu as fini d’espérer au bout de la deuxième semaine de silence et tu n’as rien trouvé de mieux que de continuer à creuser qui s’était déjà installé entre vous. Si au début, tu continuais à avoir des petites attentions discrètes pour elle, il n’en est plus rien aujourd’hui. Plus les jours passent et plus, tu as l’impression de vivre avec une étrangère. Trente jours plus tard, tu es même incapable de poser les yeux sur elle. À chaque fois que tu la regardes, c’est comme si on te donnait un coup de poignard en plein cœur en te rappelant qu’il n’y a pas si longtemps que ça, tu la considérais comme la femme de ta vie. Il y a encore un mois, tu rêvais de te marier avec elle. Tu rêvais même d’avoir des enfants avec elle. Même si tu as fini par faire une petite marche arrière afin de calmer tes ardeurs afin d’éviter de souffrir et ainsi, lui permettre de vivre son rêve de gloire sereinement, la réalité était toute autre. Tu voulais qu’Aeri soit ta femme et la mère de tes enfants, qu’importent les nombreux stops qu’elle t’avait mis jusqu’à présent. Pourtant, aujourd’hui, alors que tu t’apprêtes à rentrer chez vous après une journée totalement éprouvante, tu n’en es plus aussi certain. Tu soupires, alors que ta main vient de se poser sur la poignée de la porte de votre maison. Tu frisonnes en imaginant que tu vas encore passer la soirée dans la chambre d’amis, à gratter quelques mélodies sur du papier, pendant qu’Aeri fera sa vie de son côté, comme depuis trente jours. Est-ce qu’elle sortira sans te dire où elle va ? Comme c’était le cas depuis quelque temps ? Est-ce qu’encore une fois, tu deviendras totalement paranoïaque en imaginant que la fille que tu aimes, est partie rejoindre un autre mec ? Ou … Est-ce que vous passerez une nouvelle soirée à vous éviter comme si vous étiez deux parfaits inconnus ? Quel que soit le scénario, aucun d’eux ne te convient et puisque Jun passe la soirée avec Elveen, tu ne peux pas prendre la fuite chez lui, comme tu le faisais de plus en plus ces derniers temps. Prenant ton courage à deux mains, tu finis par pénétrer dans votre appartement. Tu déposes ton sac et tes chaussures à l’entrée, avant d’enfiler tes pantoufles pour te diriger vers le salon. Même si tu cherches à éviter la jolie blonde, tu ne peux pas t’empêcher de la chercher du regard, juste pour te rassurer … Et qu'elle n’est pas sa surprise lorsque tu la trouves en plein milieu du salon entourée de valises … C’est donc maintenant, le moment où elle décide de prendre la fuite ? Ton regard vacille entre elle et ses valises. Est-elle réellement en train de partir, alors … Qu’elle a promis de ne jamais t’abandonner ? Rien que de repenser à toutes ces promesses qu’elle t’a faites, la peine laisse rapidement sa place à la colère et surtout à la déception. Tu es tellement amer qu’aucun mot n’arrive à sortir de ta gorge jusqu’à ce qu’elle décide de t’envoyer sa rancœur en pleine figure pendant qu’elle te contourne. Non. Hors de question qu’elle prenne la fuite après t’avoir balancé à la figure que tu n’en as rien à foutre d’elle ou même … de vous. « Pardon ? » Souffles-tu avant de te retourner pour attraper son bras afin de la retenir. « Tu veux que je te rappelle la promesse que tu m’as faite plus d’une fois ? Ou tu préfères que je fasse comme toi et que je remonte nos conversations pour te la mettre sous le nez ? » Ton regard la fusille, alors que tes doigts se serrent un peu plus autour de son bras pour l’empêcher de s’en fuir avant que tu n’aies fini. « Je t’ai menti pour te protéger car je ne voulais pas que tu aies de la peine à cause de ma mère. Par contre toi, tu m’as menti en sachant que tu ne tiendrais jamais ta promesse. Ça fait trente putain de jours que t’as pas ouverts ta bouche. Et la seule fois où tu l’ouvres, c’est pour m’envoyer dans la gueule que je n’en ai rien à foutre de nous ou même de toi ? » Ton regard vrille quelques instants sur ses valises, avant de revenir sur elle. « Qui est en train de partir avec ses valises en mains ? J’imagine que de nous deux, celui qui s’en fou le plus de l’autre, c’est toi. » À contre-cœur, tu finis par lâcher son bras. « La femme que j’aime, ne ferait jamais ça. » Tu es tellement écoeuré, que tu te contentes de te retourner pour aller dans la cuisine afin de te prendre un verre.

@Jin Aeri

Sors de là, Aeri. Fuis. Il y avait tellement de vie dans cet appartement avant et aujourd'hui, vous n'êtes que des fantômes qui errent dans les passages sans faire de bruit et tout te semble si... sombre. Non-seulement tu ne te rappelles pas de la dernière fois que tu lui as dis que tu l'aimais, tu ne te rappelles même pas de la dernière fois que tu l'as dis en espérant qu'il te le retourne... Parce que tu sais que ça ne sers plus à rien. Ton sourire a foutu le camp, lui aussi et tu devrais peut-être même lancer un avis de recherche. L'autre fantôme t'attrape par le poignet pour t'empêcher d'ouvrir la porte et tu sens ta gorge se renfermer davantage. À l'aide, je ne respire plus. Les paupières fermées, elles font barrière aux larmes qui s'accumulent derrière celles-ci. Ta promesse. Si t'ouvre les yeux, c'est le déluge. Bien sûr que tu te rappelles de la promesse que tu lui as faite et... Tu donnerais n'importe quoi pour être capable de la tenir mais, ton amour-propre ? Personne ne peut te l'enlever. Sans elle, qu'est-ce qu'il te reste, de toute façon ? Tes parents t'oublient, tes frères sont occupés, Nabi et Minsoo sont parti et Mélohé... Il voulait tellement pas être comme les autres, qu'il a finit par faire exactement comme eux. Tu te retournes et rouvre finalement les yeux, pour laisser la pluie tomber sur tes joues. Tu me fais mal là. Sa main te serre le bras bien trop fort, mais ce n'est pas ce qui est le plus douloureux. Tout ton corps est endolori, mais le pire se passe vraiment par en dedans. T'écoutes ce qu'il a à te dire et tu n'es pas étonnée d'entendre... que tout est de ta faute, encore une autre putain de fois. La fois de trop, Mélohé. T'en as pas marre d'être trop parfait pour celle que tu prétends aimer ? Évidemment que tu vas pas partir toi, c'est ton appartement et je vis sur ton bras depuis des mois maintenant. Je t'ai peut-être traité de menteur, mais je ne t'ai pas traité de connard sans-cœur. Et je sais bien que tu ne m'aurais jamais foutu à la porte, tu prends bien trop plaisir à attendre que tout le monde dans ta vie te quitte pour te donner une raison de t'apitoyer sur ton sort. Lui craches-tu, avant de bloquer ton souffle à son dernier punch line. Ouch. Il le pense vraiment ? Tu couines en essayant de retenir tes sanglots, mais t'es trop blessée, même trop blessée pour faire marche-arrière. C'est fini et tu le sais. Après avoir laissée tes valises, tu le suis jusqu'à la cuisine, en faisant des pas d'éléphant. Et ouais, ça fait trente jours que j'attend. Car comme tu l'admets ouvertement là, TU as menti. Tu m'as menti Mél et tu me tiens pour responsable, putain. Comme si je t'avais demandé de m'épargner la vérité ? Et comme si ce n'était pas suffisant pour me faire mal, tu reviens sur toutes tes décisions. T'es passée de "mariage et bébé" à "meh, maybe" et puis maintenant, c'est "ma mère n'arrive pas à croire que t'es ma copine tellement t'es jolie" à "elle sait que j'ai quelqu'un en vue". QUELQU'UN. EN. VUE. Comme si j'étais n'importe qui putain. Comme si je n'étais pas celle à qui tu avais fait 7 demandes en mariage en moins d'un mois. Tu voulais me protéger des choses que ta mère pourrait dire ou faire, mais c'est de toi que t'aurais dû me protéger en fait ? C'est toi qui a supposé qu'elle allait t'organiser un blind date, ça n'a jamais été prouvé que c'était ce qu'elle voulait, avant que tu me mentes délibérément en pleine face. À part me faire mal, en quoi est-ce que c'était utile au final, de me protéger de quelque chose dont tu n'es pas toi-même certain ? Qui dit qu'elle ne t'a pas t'invité pour essayer de recoller les morceaux avec toi, ou même pour te demander de me rencontrer ? T'y as pensé à ça, ou est-ce que tu t'es seulement arrêté à tes scénarios catastrophes ? Tu soupires et n'attends même pas qu'il te répondes, pour mettre tes mains devant toi afin le stopper de dire quoi que ce soit. Tu tournes le menton sur le côté, ferme les yeux pour emprisonner tes larmes encore. ... J'veux pas savoir. J'suis fatiguée d'essayer. Tu renifles, essuie tes joues et pince les lèvres. J'suis peut-être celle qui part physiquement... mais ça fait un mois que tu m'as déjà quitté et, que je t'attends... L'homme que j'aime, aurait tout fait pour m'empêcher de toucher à ces valises. Et l'homme qui m'aime, prendrait en considération mes émotions... et pas qu'les siens. Il aurait aussi des remords, après avoir menti. Mais non ? Tu repars vers tes valises, en jetant en l'air : Faut croire que Moon Mélohé... n'aime que Moon Mélohé.

Il a la fâcheuse manie de tourner tes mots, tes phrases, en quelque chose d'autre que tu n'as jamais dit. C'est ce que tu voulais dire par "tu prends bien trop plaisir à attendre que tout le monde dans ta vie te quitte pour te donner une raison de t'apitoyer sur ton sort". C'est comme si ça le plaisait limite, de comprendre tout de travers et d'utiliser tes mots contre toi. C'est comme si ça le plaisait, de te faire mal. Et ta théorie est bien vite confirmé lorsqu'il te rappelle que tout ceux que t'aime, t'ont déjà fuit. C'est quand, que tu as dis qu'IL a fait fuir ses proches ? Tu as pourtant dit qu'il attendait que ça se produise, non ? Non ?! La nuance est là. Là. LÀ. Regarde ?! Écoute comment tu me parles, putain ? Tu craches ton venin en le suivant jusqu'à la cuisine, où il décide de se servir un verre, puis repars pour tes valises une fois que tout est dit. À peine retournée, tu sursautes en voyant le verre qui éclate sur le mur à côté de toi et te dépêche à te rendre à la porte afin de fuir la violence. Le discours de Mélohé ne t'impressionne pas et, ne soutire aucune de tes réactions pendant que tu rassembles toutes tes affaires, pour te préparer à sortir comme tu avais prévue à la base. Tu sais c’est quoi ton problème ? C’est juste que t’admets pas que ton « Puppy » ait décidé d’être moins à tes basques. Tu relâches tout, même la tension sur tes épaules. Il m'a vraiment dit ça ? Est-ce que j'suis juste en train de rêver ? Pourquoi est-ce que j'ai vraiment l'impression de pleurer... ? Tu couines, autant en rêve qu'en vrai. T'es pas bien, Aeri. Si le bruit du verre qui éclate contre le mur représente son cœur, les verres qu'il écrase sous ses pieds représente le tien. Je t'aime Mélohé, tu ne le vois pas ? Tu ne l'as donc, jamais cru ? T'écoutes ce qu'il dit, mais avec une oreille sourde. Les mots précédents t'ont tellement laissé amer, que tu n'arrives pas à passer à autre chose. Tes mains quittent les poignées de tes valises et tu fais volte-face pour l'observer en silence. Il te lance des bombes, te tire dessus, te saute sur le dos pour te poignarder le cœur et même après t'avoir tué 48 fois, il te donne des coups de pieds et te crache dessus pour t'humilier. Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ? Est-ce que je ne t'ai pas aimée assez fort ? Sans le voir venir, il s'en prend à tes valises et te donne le tout dernier ultimatum.

Malgré tout ça... Il n'a toujours rien compris.
Malgré tout ça... Il ne ressent aucun remord.
Et à cause de tout ça...

Je ne peux être plus certaine que je t'aime, plus que tu m'aimes.

Tu prends une inspiration, ou du moins, tu tentes de le faire. On dirait bien que tu es privée d'oxygène et, à entendre les choix qu'il te laisse... Tu en seras privée pour toujours. Aucune seconde ne s'est écoulée et pourtant, tu as l'impression d'être restée là pendant une éternité, avant de te retourner pour aller chercher la valise qu'il a balancé plus loin. T'es restée calme, bien que tu pleures en silence, pendant tout le temps que tu ramassais les dégâts qu'il a causé. Les valises perdues, le verre cassé, le bazar dans ton cœur, tout. Tu renifles en te remettant face à lui, beaucoup trop calme pour que ça te ressemble, beaucoup trop calme pour que ça présage quelque chose de bon. Moi je t'attendais derrière la porte, Mélohé. Pas devant. T'avais qu'à l'ouvrir, tu te serais rendu vite compte que j'étais all-in... depuis tout ce temps. Pourquoi est-ce que tu n'ouvres jamais la porte pour venir chercher le pardon, au lieu de juste... attendre qu'il te tombe dessus ? Une larme coule sur ta joue et tu la ravales rapidement avant de plonger ta main dans une poche avant d'une de tes valises, toujours en préservant ton calme. Si je trouvais ça si excitant de t'envoyer sur les roses... Alors je n'aurais pas attendu des jours, des semaines, des mois, dans ce foutu placard en espérant que t'entre à ton tour... Pour que je puisse te donner ça : Tu trouves enfin le boitier que tu recherchais, puis lui lance. Une bague pour homme, une demande en mariage, que tu lui aurais fais toi-même, pour te réconcilier avec lui en beauté. S'il aurait fait ses excuses, il aurait tout simplement obtenu tout ce qu'il désirait et ce, sans même avoir à se plier en 4 pour te convaincre de l'épouser ou de porter ses enfants. Je t'aime Mélohé. Je t'aimais avant que tu m'aimes et, je vais définitivement continuer de t'aimer après. Tu me disais m'aimer assez pour me laisser partir, le jour où j'admettrais que je suis malheureuse... ? C'est le moment de le prouver... J'suis pas bien, bébé... Tu me vois tout le temps comme ton ennemie... Mais je ne veux pas l'être... Je veux être tellement plus, je veux être ta femme, la mère de tes bébés, nos bébés, mais tu ne respectes jamais la promesse que tu m'as fais à l'hôpital et... Je n'en peux plus... Je n'en peux plus d'attendre derrière la porte, pendant que toi, tu fais le guet devant. Tu te remets à pleurer, te dépêche de reprendre tes valises en main pour franchir la porte pour une dernière fois.

• • •

Ça fait quelques mois déjà que tu es de retour en studio, après avoir fait la promo de ton tout premier premier EP. Tu as pu quitter ton travail au petit café, puisque ton album a été un véritable succès. T'enchaine les contrats de modeling, de publicités à la télé, à la radio et même des featuring sur l'album de d'autres artistes. Ça va de soi : tu te tiens occupée, t'as pas vraiment le temps de te poser quand tu rentres dans ton nouveau chez toi, tu choisis toujours de te laisser fondre dans ton nouveau lit. Jour et nuit, tu vis dans un monde sans couleur dans l'espérance qu'un beau jour, elles reviendront vers toi. C'est ton manager qui te réveille le matin, c'est ton manager qui te traine jusqu'à l'agence et c'est lui qui te botte le cul et s'assure que tu remplis chacun de tes engagements. S'il n'était pas là, tu serais sans doute jamais maquillée, jamais coiffée, jamais motivée. Tu n'es que l'ombre de toi-même Aeri, et toi et moi on sait exactement depuis quand et pourquoi. Il me manque vraiment trop, je n'aurais jamais dû l'abandonner. Ça te semble stupide maintenant. En fait, ça t'a semblé stupide à la seconde où tu t'es retrouvée dehors sous la pluie, ce soir-là. Je n'avais nulle part où aller, rien ni personne à aimer. T'as changée, ta vision du monde a changée et il n'y a plus rien qui te fait sourire comme tu le faisais avant. Est-ce que tu ne serais pas un peu trop égoïste, Aeri ? Ton égoïsme a fait fuir tout le monde. Nabi, Minsoo, Min-Hwan, tes parents... Même tes frères ne te parlent plus trop et Mélohé, c'est le seul qui est resté, mais c'est toi qui a décidée de le fuir. Au final, t'es exactement comme ce que tu lui as reprochée et il avait raison de dire que c'était ta spécialité. Pourquoi est-ce que j'ai fuis la dernière personne que je voudrais fuir ? Tu clignes des yeux et tu te retrouves assise au fond du placard, beaucoup trop sombre, incolore. Le hoodie que tu portes est le sien, tu ne savais même pas que tu l'avais gardée. Tu ne sens rien, mais tu te dis qu'il pue. Ça doit être parce que tu ne le laves plus... Non, c'est parce que tu l'as toujours sur le dos, même si c'est l'été maintenant et que ce matin, tu as appris la nouvelle chorégraphie de ta prochaine chanson titre. Même si tu veux l'enlever et te laver, il te reste collé dessus, comme de la glue. Je ne peux pas l'oublier, même si j'essaie. Tu lui as promis que tu l'aimais avant qu'il ne t'aime, que tu l'aimais encore et de continuer de l'aimer même après qu'il soit passé à autre chose... Et tu serais capable de réellement le faire juste pour lui prouver que tu n'es pas menteuse. Juste pour lui prouver qu'il avait tort de se sentir malaimé. Juste pour te prouver que c'est moi, qui t'aimait le plus. ... Mais la vérité, c'est que tu le fais, tout simplement parce que tu l'aimeras pour toujours. T'es assise avec les genoux sous ton hoodie, en position fœtale, pour attendre son retour. Un jour il reviendra, il n'a pas le choix, c'est votre destin. Il n'a pas le choix, parce que c'est ta flamme jumelle. T'attends des heures, des semaines, des mois, sans même mourir de faim ou de soif. Comment peux-tu mourir de faim ou de soif de toute façon ? Tu es déjà morte le cœur brisée il y a deux hivers. La porte du placard s'ouvre et tu t'attendais à voir le concierge pour une énième fois, depuis que tu es entrée ici le premier jour... mais ce sont les couleurs qui sont revenues. Mélohé. Tu murmures en voyant son corps se dessiner devant toi. Qu'est-ce que tu fais là ? T'es revenu pour moi ? Tu étires tes jambes qui ont failli rester bloqué sous son hoodie qui ne semble plus avoir d'odeur désormais, pour qu'ils puissent t'aider à te relever. Je t'attendais encore.