tenue — Tu rougis en attrapant la dite carte, te cachant faiblement derrière alors que tes prunelles parcouraient les mots sans les lire. T'étais vraiment ridicule. Tu t'en voulais déjà d'être venu en retard, d'avoir fait attendre Hansol. Ca faisait déjà beaucoup en une journée. Mais en plus de ça, tu t'étais ridiculisé face à un beau garçon dont tu dessinerais volontiers les traits s'il te laissait. La honte. T'allais passer pour un type louche... Déjà que tu devrais être louche, à moitié masqué par la carte. Tu reposas cette dernière. T'allais te contenter d'un truc frais, histoire de te remettre un peu de ce coup de gêne qui brûlait tes joues et ta nuque.

Et si les mots pouvaient être froids, parfois, ceux-ci étaient glacés. C'était instantané, le malaise que tu ressentais quand tu entendais ça. Tu l'entendais souvent. T'étais pas à la hauteur de ce qu'on attendait. T'étais tout ce qu'on ne voulait pas. L'inverse total de ce que l'on imaginait. Tu le savais. Parce que toi non plus, t'étais pas ce que tu voulais être. T'étais pas cette image de toi que tu voulais véhiculer. T'étais tout le contraire et tu ne seras jamais rien de plus. Tu te pinças les lèvres, hochant doucement le visage aux paroles de l'éditeur, fixant la table devant toi. Tu redressas lentement les pupilles vers lui, l'observant en silence, la moue honteuse et désolée. T'avais du mal à croire qu'il sous-entendait qu'il avait été agréablement surpris... non ? « C'est pas grave », soufflas-tu, secouant quelque peu le visage, tentant un sourire. « C'est pas grave », répétas-tu dans un mouvement d'épaules, déglutissant un peu. T'avais l'habitude. Ca allait passer. Tu penchas doucement le visage à ses mots. « Comment ? », t'avais du mal à croire qu'il surprenait les gens comme toi. T'avais du mal à croire qu'on l'imaginait autrement, et que la vraie image était si différente qu'on était déçu. Et plus tu contemplais sa chemise, plus tu avais l'impression de donner une mauvaise image à côté.
Mais t'étais pas à l'aise dans les chemises.

« O-oui... pardon », tu te pinças les lèvres, les pommettes rosies. Il était vrai qu'il n'avait rien dit mais... valait mieux prévenir que guérir, pas vrai ? Tu te préparais au pire, ainsi t'étais pas déçu quand on te disait non. Tu te mordillas la lèvre, nerveux, attendant le verdict, ton pied tapant discrètement sur le sol. « Vraiment ? », demandas-tu confirmation. Ta bouche s'ouvrit quelque peu à ses mots suivants, la surprise clairement évidente sur ta frimousse mais aussi le soulagement. Et c'était bien la joie qui brillait dans tes iris alors que tu le regardais. C'était bien un sourire, timide certes, mais un sourire quand même, qui se dessinait sur ta bouche. « Je suis soulagé alors », soufflas-tu, une respiration contre tes lèvres. Et content. Et satisfait. Et... « Des notes ? », tu sortis ton téléphone que tu désignas, haussant les épaules dans une question muette et une petite grimace. T'avais pas de feuilles ou de stylos mais tu avais ton téléphone. Tu plissas le nez. Tu aurais dû penser à tout ça. Tu devais donner l'impression d'être un type jamais préparé ni sérieux. « D'accord », tu secouas un peu le visage. « Je vous écoute », déclaras-tu lentement, les pouces tremblant un peu au-dessus du clavier. Il avait dit que tu n'avais pas besoin de recommencer mais... si t'avais vraiment besoin de recommencer ?? « Quelques fois », répondis-tu après quelques secondes de réflexion. « Mais je n'ai plus vraiment les dates en tête, désolé », en plus d'être incapable de te situer géographiquement t'étais incapable de le faire dans le temps. Super. « Est-ce qu'il... a dit quelque chose ? Au sujet de mon travail ? », le questionnas-tu. Peut-être l'auteur avait-il prévenu Hansol ? Peut-être l'avait-il mis en garde sur les fautes que tu faisais à chaque fois. Peut-être des fautes qu'on te montrait mais que tu oubliais. Et si tu avais fait une grosse erreur ?? Si tu t'étais trompé dans les couleurs ou les personnages ou les détails des vêtements ? Si t'avais mal compris un truc ? Non, il avait dit que tu avais compris le ton. Peut-être qu'il voulait juste te détendre. « C'est pour ça qu'il a des indications à donner ? Parce qu'il sait comment je dessine ? Et... », toi ? Stressé ? Pas du tout. « J'ai fait une erreur ? Peut-être qu'il me l'avait dit mais j'ai dû oublier... », tu te mordis la lèvre. Incapable de te repérer dans le temps et l'espace et incapable de te souvenir de ce qu'on te disait. Chouette. Tu passais pour un abruti narcissique qui refusait qu'on critique son travail. Tu déglutis, posant ton téléphone pour attraper ton verre, avalant une grande gorgée, grimaçant parce que la boisson était vraiment froide. Tu te raclas la gorge, reprenant ton téléphone dans un air incertain. Ton esprit dérangé te disait que tu devais remonter dans son estime. Pourquoi ? T'en savais rien. Juste parce que tu voulais être dans les bonnes grâces de quelqu'un pour une fois ? Juste parce que... Pas d'explications. Juste parce que. Tu lui lanças un regard, annonçant un « Vous avez une belle chemise » dans un murmure timide, tes joues prenant feu, ta nuque brûlant, tes prunelles se décalant en croisant les siennes, se reportant sur ton téléphone. « Je suis prêt », que tu couinas maladroitement, tes pommettes rebondies de plus en plus rouge.

*outfit* Gaon était enfin devant lui prêt à présenter ses dessins mais Hansol avait décider de s’intéresser davantage à l’individu qu’à ses coups de crayons. Il aurait mieux fait de se taire car son commentaire avait créé un froid qu’il ne comprit pas. Il ne savait pas ce qu’il avait dit de mal mais il avait vu le visage de Gaon s’assombrir, le malaise évident. Même s’il ne connaissait pas Gaon, Hansol restait suffisamment observateur pour comprendre qu’il avait mis les pieds dans le plat. « Si, ça l’est, je suis désolé » Il répéta, comprenant que le jeune homme se montrait poli malgré la peine qu’il ressentait. Tant bien que mal, l’éditeur essaya de se sortir de cette situation délicate mais il n’avait jamais été très doué dans ce genre de situation et il le prouva une nouvelle fois. « Um, disons que j’ai toujours été passionné par les livres alors quand on apprend que j’aime d’autres activités… on me regarde un peu bizarrement ? » Il avait l’impression de ramer dans le vide, conscient qu’il proposait du vent. « Par exemple, si je dis que je peux passer des heures devant ma console au lieu d’un bouquin, ça surprend à chaque fois » Ou lorsqu’il se trouvait sur sa moto puisque personne ne semblait imaginer Hansol utiliser un tel moyen de transport. Comme si son apparence ne convenait pas ; qu’il n’avait pas le bon « physique ». Longtemps, sa passion pour les livres avait semblé incompatible avec certains traits de sa personnalité ou d‘autres passions. Trop sage pour une moto, trop calme pour des jeux vidéo. C’était aussi pour ça que Hansol qu’il préférait les personnages fictifs aux gens.

Plus les minutes passées, plus Hansol en découvrait sur le talent de Gaon et sur sa personnalité. C’était déstabilisant de voir que sa confiance était aussi instable alors que ses dessins dégageaient exactement ce que l’auteur désirait. « Oui vraiment, je n’aurais aucun intérêt à vous mentir » Hansol lui offrit un sourire complice alors qu’il attrapait son téléphone portable : « Si cela ne vous dérange pas, je vais juste prendre quelques photos afin de les partager avec l’auteur lors de notre prochain échange. D’ailleurs, il faudrait bientôt convenir d’un rendez-vous tous les trois pour régler certains détails » Il exprimait ses pensées à voix haute, réfléchissant déjà à l’endroit qui conviendrait le mieux compte tenu des talents de Gaon pour se repérer. « Oui, j’ai discuté avec lui et il a juste quelques informations à vous donner pour certains passages de l’histoire » Il se rendit compte que son approche était scolaire alors que l’écouter suffisait. « Parfait, ça ne sera pas très long » Et ce, même si son carnet était rempli de notes…

« Pas besoin de me donner les dates, je vous rassure » Gaon était mignon physiquement mais sa personnalité semblait tout autant adorable. Ses réactions l’étaient réellement et Hansol se surprit plusieurs fois à sourire en le regardant. Heureusement qu’il se reprenait rapidement. Ce n’était pas son genre de se montrer aussi curieux en face d’un inconnu mais il y avait quelque chose chez Gaon qui attisait son intérêt et il avait du mal à décrocher son regard. « Uh ? » Perturbé par ce que venait de dire Gaon, Hansol essaya de revenir en arrière pour comprendre : « Qu’est-ce que j’ai dit qui pourrait laisser penser ça ? » C’était surement de sa faute, il avait du mal s’exprimer mais il n’arrivait pas à comprendre d’où provenait cette incompréhension. « Il ne m’a rien dit de mal à votre sujet, au contraire. Je pense qu’il sait comment vous travailler et c’est pourquoi il m’a donné ces informations pour avoir votre avis et vous guider dans certaines illustrations. Certaines idées sont encore en construction pour lui alors il n’a pas pu tout vous donner mais ne vous inquiétez pas, tout va bien » Gaon s’inquiétait vite, Hansol l’avait compris : « C’est normal d’avoir plusieurs retours vous savez, ça permet d’avancer en s’assurant que tout le monde a les bonnes informations. Je compte aussi vous demander si vous n’avez pas des éléments à partager » Gaon était l’illustrateur alors tout comme l’auteur, cette œuvre était la sienne et il pouvait communiquait avec la maison d’édition et l’auteur.

Un peu déstabilisé et inquiet, Hansol continuait de se demander s’il ne s’était pas mal exprimé. Il n’avait pas voulu inquiéter Gaon mais ce dernier avait l’air incertain sur son travail alors qu’il n’avait aucun souci à se faire. Hansol allait devoir travailler davantage sur son contact avec les autres, ce n’était pas son fort… « Pa... pardon ? » Il demanda, les yeux ronds et la tête légèrement penchée sur le côté. « Ma chemise est quoi ? » Il sentit ses joues le chauffer et il baissa les yeux, mal à l’aise. Il n’avait pas l’habitude qu’on lui dise ce genre de chose mais il apprécia timidement. Dans un murmure, il eut le courage de répondre : « Merci… vous aussi » Sauf que non, pas vraiment… « Enfin vous avez un beau pull plutôt » Ne pouvait-il pas apprendre à réfléchir avant d’ouvrir la bouche ? « Um, donc uh… le.. uh l’auteur m’a dit que… » Perturbé, l’éditeur chercha en panique la bonne page dans son carnet alors qu’il avait été sur la bonne. Avant de se lancer, il se donna de la force en buvant sa boisson chaude et partagea enfin ce que l’auteur lui avait précisé : « Bien sûr, ce sont des idées globales, vous devez continuer à y mettre votre emprunte et n’hésitez pas à rebondir sur certains points si vous trouvez que cela correspond davantage à la scène. Vos propositions sont tout aussi importantes, vous n’êtes pas juste là pour dessiner ce qu’on vous demande. Vous êtes l’illustrateur, ce sont vos dessins donc ils doivent vous correspondre. Le fait d’échanger avec l’auteur, nous permettra à tous de faire le point pour proposer la meilleure façon possible de cette belle histoire » Hansol avait des étoiles dans les yeux alors qu’il visualisait déjà à l’étape finale : la sortie de l’ouvrage. Il avait hâte de tenir l’œuvre terminée dans ses bras, son prochain bébé. Il n’était peut-être pas l’auteur ou le dessinateur mais, il aimait chaque projet sur lesquels il travaillait.

tenue — « C'est réducteur de s'arrêter sur l'image que l'on a de quelqu'un.. Je ne vois pas trop ce qu'il y a de s-surprenant », admis-tu en bafouillant, les joues rosies, tes doigts s'entremêlant entre eux. Chaque personne avait des passions, qu'on les lui dessine ou non. C'était propre à chacun. « Je ne... », commenças-tu, avant de libérer un souffle, le regard sur la table. Tu ne le traitais pas de menteur. Tu lui lanças un regard, le rouge voyageant sur tes joues, le coin de tes lèvres se levant discrètement dans une esquisse gênée. « D'accord », tu hochas le visage. « Est-ce que... », commenças-tu, ta paume se posant contre ta nuque, glissant un peu dans les cheveux qui traînaient là alors que tu déglutissais, visiblement embarrassé. « Dans... dans les locaux de l'agence ? Pour le prochain rendez-vous », suggéras-tu, les lèvres pincées. Ca éviterait à tout le monde de se perdre son temps juste pour toi.

« Je ne m'en souviens plus de toute façon », avouas-tu dans une petite moue, un rire léger dans le fond de la gorge. Tu ouvris la bouche mais tes mots étaient silencieux. T'avais mal compris ? « J'ai dû... comprendre de travers, désolé », articulas-tu, déviant à nouveau les pupilles. Tu te ridiculisais de plus en plus. Tes iris grimpant doucement vers lui, tu l'écoutas, étudiant son visage, comme si tu cherchais à graver chaque trait dans ta mémoire... Pour des fins purement scientifiques, évidemment. Tu bougeas le visage, un peu trop vite peut-être, tentant un autre sourire. « Des éléments à partager ? », tu clignas des paupières, penaud. Des éléments sur quoi ? L'histoire ? Les personnages ? Ton ressenti ? T'avais l'impression que tu devais répondre à un examen pour lequel tu n'avais pas révisé du tout.

T'étais tellement stressé que tu disais n'importe quoi – en fait non tu voulais tenter de remonter dans son estime. Tu ne savais pas vraiment pour quoi... ou peut-être que si. Mais tu voulais qu'il ait une meilleure image de toi et... t'étais pas sûr de réussir. T'aurais mieux fait de te taire. Tu déglutis, les joues chaudes, la nuque rouge et les oreilles sifflantes. T'étais horrible. Tu devais être à l'opposé de ce qu'il avait imaginé de toi. T'allais lui faire peur. Il allait te détester parce que tu savais pas te repérer et parce que tu disais que sa chemise était belle et... « Moi aussi ? », tu lui lanças un regard confus. Tu baissas le regard vers ton pull. « Merci », il n'avait rien de spécial ton pull. Franchement t'étais pas bien habillé et il avait tous les droits du monde de le dire. « Il est confortable », expliquas-tu sans qu'il ne demande. Tu clignas des paupières, reprenant tes esprits, pour le peu qu'il te restait, prêt à écouter. Tu n'osais pas le regarder, te contentant de fixer l'écran de ton téléphone dans un air accablé, souhaitant que l'appareil puisse libérer Hansol de ce moment avec toi. Et tu restas ainsi, écoutant chaque mot, chaque son, chaque syllabe, tes pupilles finissant par se redresser automatiquement pour l'observer, tes iris détaillant à nouveau son visage, sa bouche, ses mots – comme si chaque son quittant ses lèvres se dessinait dans l'air. Maintenant que tu faisais plus attention, tu trouvais sa voix apaisante. Réconfortante, aussi. Un peu comme si on t'enveloppait dans du coton et qu'on te berçait, en te promettant que tout irait bien. Elle t'appliquait du baume au cœur, sa voix.

Le regard pétillant, tu ne bougeais pas, tu ne parlais pas... jusqu'à ce que tu te mettes à cligner des paupières avec rapidité, l'air perdu mais aussi pris en flagrant délit de... de quoi, au juste ? Admirer sa voix ? « Uh... », fis-tu, très intelligemment, les prunelles toujours sur son visage, les déviant en croisant les siennes. Est-ce que t'aurais l'air con si tu lui demandais de répéter ? Certainement. « Vous êtes réellement passionné », commentas-tu, admirant un instant l'étincelle dans son regard. « Ca change », soufflas-tu. Ca changeait de ces éditeurs blasés et bourrus qui voulaient terminer le travail au plus vite. Qui te confirmaient que oui tes dessins étaient beaux merci au revoir. Bien sûr tu tombais sur de bons auteurs aussi parfois et de bons éditeurs. T'avais juste l'impression que ça devait difficile de tomber sur ces personnes-là.
Et forcément, aujourd'hui, tu étais tombé sur l'un d'eux. Et tu t'étais ridiculisé. Et tu lui faisais perdre son temps. Et tu disais n'importe quoi. Tu retins un souffle, ton sourire tremblant avant de s'effacer. « Quelles sont ses idées ? », demandas-tu doucement dans une petite grimace, de peur de le faire répéter quelque chose qu'il avait déjà dit. « Désolé », dis-tu directement, déverrouillant ton téléphone pour pouvoir noter ce qu'il te dirait, cette fois. « Tout ça serait déjà fini si j'étais arrivé plus vite je suis... », tu soufflas, les doigts s'agrippant un peu plus à ton appareil. « … désolé », mais tu pouvais le remercier de ne pas s'énerver contre toi. Un autre l'aurait probablement déjà fait. Tu te mordis nerveusement la lèvre, les doigts tapotant sur l'écran alors que tu patientais. « Je ferai mieux la prochaine fois », promis-tu. Mais tu savais même pas s'il allait y avoir une prochaine fois. Peut-être qu'il ne voudrait plus travailler avec toi après ça. « Enfin si... si on retravaillera ensemble si... vous voulez », tu observas ton verre vide, déçu, avant de laisser tes prunelles remonter timidement vers les siennes.

*outfit* « Vous avez raison, je suis d’accord avec même si malheureusement, certaines personnes ne vont pas plus loin que les apparences ou l’image qu’ils se font d’une personne » Hansol aurait aimé échapper à cette catégorie de personnes mais il avait connaissance de ses propres limites et il se comportait parfois de cette manière. Il luttait pour ne pas rester bloqué par ses à priori mais il ne réussissait pas toujours du premier coup. Ce n’était pas parce qu’il en avait lui-même souffert par le passé qu’il n’en était pas coupable à son tour… La preuve, il avait fait cette erreur avec Gaon. Heureusement, ils avaient réussi à continuer l’entretien en mettant de côté cet incident, Hansol apprenant doucement à connaitre cet homme surprenant. Son manque d’assurance l’avait surpris mais il y avait un charme doux à la personnalité inattendue de l’artiste. Hansol était plus charmé qu’il n’aurait dû l’être mais il arriva à rester professionnel. « Oui ? » Il encouragea Gaon à poser sa question, voyant qu’il était gêné alors qu’il n’avait pas à l’être. L’éditeur commença à douter de son approche, se demandant s’il mettait mal à l’aise les autres… Il n’aurait pas été surpris, c’était généralement le cas mais moins dans le cadre professionnel. Peut-être devait-il davantage travailler sur ce point… « Oh ! Bien sûr, aucun problème si c’est plus simple pour vous » Surpris par la demande du jeune, un léger rire lui échappa. Un rire attendri, il comprenait cette demande bien vu les difficultés pour rencontrer Gaon. « C’est même une excellente idée » Il ajouta avec un sourire complice.

« Arrêtez de vous excuser, ce n’est pas nécessaire. » Visiblement, ils avaient parfois du mal à se comprendre tous les deux mais Hansol n’était pas frustré pour autant. Il était même surpris d’être aussi détendu face à Gaon alors qu’il aurait normalement été agacé que les choses ne se passent pas normalement. La personne qu’il avait en face devait jouer sur sa patience, puisqu’il appréciait ce qu’il voyait devant lui. Gaon avait une aura réconfortante et un quelque chose de rassurant que Hansol trouvait appréciable. Sa présence était agréable alors même qu’ils avançaient doucement et avec retard. « Oui vous avez peut-être envie de partager vos opinions, vos idées avec l’auteur ou même avec la maison d’édition. Peu importe, tout ce qui vous passe par la tête, n’hésitez pas ». Après tout, il était là aussi pour ça : pour faire l’intermédiaire même si l’illustrateur et l’auteur pouvaient communiquer de leur côté.
Peut-être que ces deux-là auraient eu moins de difficulté à avancer parce que de leur côté, Gaon et lui… leurs échanges étaient coupé par des remarques inattendues. Tout à coup, il n’était plus question de dessins mais de chemises… Hansol avait été déstabilisé par ce commentaire surprise même s’il l’apprécia fortement… il n’arriva pas vraiment à rebondir intelligemment, complimentant à son tour la chemise de Gaon alors qu’il n’en portait pas… Pourtant, il ne complimentait pas dans le vent, il trouvait vraiment que le jeune homme portait bien sa tenue mais les bons mots ne lui venaient pas, sans surprise. Il n’était jamais très à l’aise quand il se trouvait dans ce genre de situation surtout qu’il aurait dû de parler « travail » uniquement : « Il… il a l’air oui. Confortable » Cette conversation devenait un peu étrange mais Hansol n’arrivait pas à changer le sujet facilement, peut-être parce qu’il restait hypnotisé par le pull de Gaon. Ou par Gaon lui-même…

Par chance, son professionnalisme pointa de nouveau le bout de son nez et Hansol arriva à se remettre dans son rôle d’éditeur, partant dans un monologue sans fin. Un moyen de dire tout ce qu’il avait à dire pour avancer mais aussi de se concentrer sur autre chose que le beau minois de son vis-à-vis (pas simple). « Pardon ? » Il avait été étonné, Hansol, de cette remarque mais un sourire avait discrètement étiré le coin de ses lèvres. Il aimait entendre les autres le dire passionné, parce que c’était le cas et qu’il aimait partager cette passion avec les autres et qu’on ressente son attrait pour son métier. « Vous n’avez pas l’habitude de travailler avec des personnes passionnées ? » Il demanda avec curiosité, se demandant quel type d’expérience il avait pu avoir par le passé dans le domaine. « Nous sommes passionnés dans notre maison d’édition, je vous souhaite de le découvrir lorsque vous passerez dans nos locaux » C’était aussi pour cette raison qu’il ne souhaitait pas changer d’agence pour le moment, il s’y sentait bien. « Vous voulez que je reprenne depuis… le début ? » Qu’est-ce qu’il avait dit déjà ? Il ne se souvenait plus, les mots ayant glissé. « Ça ne sert à rien de ressasser, on ne peut pas revenir en arrière alors autant passer à autre chose. On a commencé plus tard, c’est comme ça et pas autrement » Plutôt aller à l’essentiel que regretter ce qu’on ne pouvait pas changer. « Bien sûr qu’on retravaillera ensemble ! » Peut-être avait-il mis trop d’entrain dans sa réponse, appréciant beaucoup cette idée malgré ce début timide.  « Je veux dire, il y a encore plein d’étapes avant la sortie de l’ouvrage alors nous aurons de nouveau l’occasion de nous rencontrer… de travailler ensemble » Son regard fut à son tour attiré par le verre vide de Gaon : « Vous voulez commandez une autre boisson le temps de terminer ? » Il lui proposa avant de reprendre une gorgée, terminant à son tour sa boisson. Une fois la gorge moins sèche, il répéta les indications précédemment données à Gaon mais en parlant plus doucement pour laisser le temps à Gaon de tout enregistrer et de le couper si nécessaire. « Vous avez des questions ? » Ayant terminé son discours, il se cala plus confortablement contre le dossier de son siège et ne quitta plus Gaon des yeux, l’observant avec intérêt. « Vous êtes illustrateur depuis longtemps ? » Non Hansol, c’était à Gaon de poser des questions sur le projet… pas à toi sur le charmant individu.

tenue — Tu supposais que les locaux de l'éditeur seraient plus voyant que ce petit café. Non ??? Tu redressas les prunelles vers lui, la chaleur glissant sur ta nuque, tes lèvres se pinçant alors que ta frimousse s'étirant dans une fine moue boudeuse – mais ton regard pétillait, amusé, un faible son le prouvant au fond de ta gorge. « O-oui pard... », tu te mordis la lèvre, avalant le reste de la syllabe, haussant les épaules dans un petit air désolé. L'habitude. Tu plissas un peu le nez, petit air bougon plaqué sur la frimousse. Bougon contre toi-même, bien sûr. « Si j'ai quelque chose à dire je pourrais vous contacter ? », tentas-tu dans une petite grimace incertaine. « Ou l'auteur », c'était plus simple de parler à l'auteur directement non ? Mais si tu voulais parler à Hansol ? Cela dit, pourquoi voudrait-il te parler, lui ? Tu baissas un peu le regard. « Je n'ai pas grand chose à dire pour le moment », tu fronças un peu les sourcils, les pommettes un brin gonflées. « Juste... enfin peut-être. Si c'est possible ? Pour la taille du livre... », tu mimas une taille (troisième) levant un regard curieux vers lui. « Pour que les illustrations soient plus visibles », surtout pour les détails. Mais tu supposais qu'ils avaient déjà songé à tout ça pas vrai ? Alors pourquoi tu lui faisais perdre son temps ? C'était son travail, en plus, donc il savait. Il savait mieux que toi. Tu déglutis quelque peu, ne sachant plus vraiment où poser le regard, totalement gêné. Encore plus après avoir osé parler de sa chemise. Tu savais même pas pourquoi t'avais fait ça... et tu te retrouvais là, comme un con, le rouge plaqué aux joues, à la nuque, aux oreilles. « Oui. Il... l'est », susurras-tu doucement. « Je... hum. Je peux vous donner l'adresse ? Du magasin »

Tu levas un peu les sourcils, secouant à peine le visage, terrifié à l'idée de l'avoir vexé ou d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Mais le sourire qu'il avait aux lèvres semblait dire le contraire, ne calmant pas pour autant ton palpitant et faisant chauffer tes joues. « Disons que ces personnes le sont à leur manière », tentas-tu de corriger dans un sourire discret. « Généralement on préfère que le rendez-vous se termine rapidement. On ne me demande pas forcément mon avis non plus », expliquas-tu, la voix basse, calme, avant de hausser les épaules dans ce même petit sourire que tu portais depuis quelques minutes. Tu hochas le visage à ses mots, le sourire un peu plus grand, la curiosité pétillant dans les pupilles. Tu la découvriras, cette passion chez eux, n'est-ce pas ? Tu hochas le visage, embarrassé de lui demander ça. T'avais pas tout écouté, trop concentré sur sa voix pour vraiment assimiler les mots... « C'est vrai », dis-tu doucement, le regard bas. Tu ne pouvais pas t'empêcher de te dire que c'était ta faute si ça prenait autant de temps. Tu clignas des paupières à ses mots suivants, un peu surpris – mais agréablement, un rire gonflant dans ta gorge alors que tes doigts masquaient ta bouche pour atténuer le son. « On retravaillera ensemble alors », confirmas-tu, le rire chantant discrètement dans la voix. « Oui on pourra se revoi... enfin continuer à... à travailler. Ensemble », tu rougis encore une fois, clignant des paupières, avant de tenter un sourire. « Pourquoi pas oui », susurras-tu, tournant un peu le visage pour tenter d'attirer l'attention du serveur – juste en le fixant, oui. Ca marchait pas. Ca marchait jamais. C'était pas juste – d'où la moue plaquée sur ta frimousse. Tu notas alors les informations que Hansol te donnait, hochant le visage ici ou là pour montrer que tu suivais, levant le pouce à la fin, pour confirmer que tu avais tout. « Pour le moment non », tu gardas les yeux sur tes notes, relisant rapidement, avant de redresser les prunelles qui tombèrent directement dans les siennes. Tu jetas un bref regard à gauche puis à droite, te sentant bien trop observé, le rouge grimpant encore sur tes joues – ou plutôt ne se délogeant plus, vivant en total liberté sur ta peau alors que tu te pinças les lèvres, tes pupilles captivées par les siennes, les contemplant en silence. Une esquisse fin, rêveuse même, vint doucement étirer ta bouche, ton regard brillant se perdant dans le sien... « Depuis quelques années maintenant. J'ai eu de la chance de tomber dans la bonne agence à la fin de mes études », expliquas-tu lentement. T'avais pas bafouillé. Non. « Ma cheffe est vraiment gentille, et c'est grâce à elle que j'ai pu commencer et que je suis encore là aujourd'hui », tu la respectais et l'admirais énormément pour ce qu'elle faisait pour toi. « Et vous ? Vous êtes éditeur depuis longtemps ? », le questionnas-tu à ton tour, le visage penché sur le côté, intrigué, intéressé, comme un chiot pourrait l'être face à un nouvel ami, l'esquisse fine. Tu restas silencieux un instant, songeur mais aussi un peu nerveux. « Est-ce que je peux... vous demander un service ? », demandas-tu doucement, les doigts se tortillant entre eux. « Tout à l'heure... quand on partira est-ce que... », tu te mordis la lèvre, embarrassé, les pommettes rosies. « Est-ce que vous pourriez m'indiquer le chemin vers la rue principale ? », histoire que tu tournes pas comme un con autour du café pendant des heures. Tu voulais rentrer chez toi, tout de même. « C'est juste que... je ne me souviens plus du tout du chemin pour venir jusqu'ici », tu clignas des paupières, penaud, paumé mais aussi gêné de l'avouer. Même s'il avait remarqué que l'orientation n'était pas ton fort. « Je voudrais réussir à rentrer chez moi ce soir quand même... », murmuras-tu timidement dans une petite moue. Tu ne pourrais pas dormir sans ton lit – déjà que tu dormais pas avec, alors sans...

*outfit* « « Bien sûr, n’hésitez pas vous… vous avez mes coordonnées » Pourquoi se sentait-il nerveux à l’idée de converser de nouveau avec lui alors que c’était dans un but professionnel ? L’intérêt que cette rencontre avait éveillé en lui devait forcément jouer sur les émotions qu’il ressentait et Hansol se sentit stupide. Il devait se reprendre en main et rester professionnel au lieu de se laisser charmer par un joli visage. Plus facile à dire qu’à faire, visiblement. Pour autant, Hansol était passionné par son travail alors il lui était facile de revenir au sujet principal et de faire son travail correctement – plus ou moins. « Vous pouvez nous faire vos retours plus tard, tant que nous sommes dans les temps » Il ne pouvait malheureusement pas oublier ce aspect essentiel de son travail : les deadlines. Souvent signe de stresse pour les auteurs mais aussi pour les éditeurs car les nombreuses étapes devaient toutes se faire dans les temps. « Merci pour ce retour pertinent » Il commença, prenant en compte l’avis de Gaon et comprenant de quelle taille il s’agissait : « Ca serait le plus astucieux, nous n’avons pas encore confirmé la taille avec notre partenaire car nous devons aussi étudier la question d’un point de vue financier » Il hocha la tête, comme s’il appuyait ses dires mais il était surtout en train de noter dans un coin de sa tête l’importance de cet aspect pour son vis-à-vis. « Je pense que nous aurons prochainement une réunion à ce sujet alors je vous tiendrais informé mais je pense que ça pourrait se faire » Un petit sourire étira le coin de ses lèvres, il avait apprécié la réponse pertinente du jeune homme.
« Je…um, je veux bien oui » La nervosité avait refait son apparition et à la grande surprise de Hansol, au lieu de parler dessins, ils parlaient d’une boutique de vêtements. Certes la pièce en question était sympathique mais il n’était pas idiot, il savait que c’était la personne la portant qui lui plaisait… il fut assez intelligent pour ne pas préciser ce fait, se contentant de noter l’adresse.

« Je vois ce que vous voulez dire » Il n’était pas sûr mais il pouvait se faire une idée, et de toute façon, il ne se concentrait pas sur ça. Hansol était surtout ravi de savoir que sa passion se reflétait auprès de quelqu’un qu’il rencontrait pour la première fois. Il aimait son travail et il aimait aborder sa passion aussi librement, grâce à sa profession et grâce aux contacts qu’il avait. « Pourtant, c’est important de connaitre votre avis, afin d’être certain que l’œuvre ressemble à ce que vous avez en tête ; Bien évidemment, en tant que maison d’édition, nous n’avons pas toujours le bon rôle car nous avons des retours à faire en prenant en compte le public et les chiffres. » Heureusement, l’importance de proposer des œuvres se vendant bien ne gâchait pas sa passion, Hansol était bien tombé au niveau de son agence et il en était rassuré.
« Oui, um ensemble » Pourquoi il avait eu besoin de répéter ce mot d’une voix aussi timide, il devait avoir l’air étrange… Bien sûr qu’ils allaient retravailler ensemble puisque le projet n’était pas finalisé mais il avait l’impression de s’égarer en parlant ainsi. Gaon avait-il le même ressenti ? L’éditeur se racla la gorge comme pour se reprendre et se concentrer sur le moment actuel, ils avaient pris du retard alors Hansol se mit la pression pour poursuivre cet entretien professionnel. Sauf que sa concentration eut du retard puisqu’il se mit à observer Gaon alors que celui-ci semblait chercher à capter l’attention du serveur sans oser l’interpeller. Un petit rire discret échappa à Hansol avant que ce dernier fasse un geste pour attirer l’attention du serveur qui s’approcha prendre leur nouvelle commande.

Hansol n’attendit pas d’être servi pour reprendre son monologue, partageant diverses informations avec Gaon qui semblait l’écouter attentivement. « Parfait » Commenta simplement Hansol en buvant une gorgée de sa boisson et en souriant timidement. Il avait dit le principal et il semblait avoir été efficace dans ses explications. L’entretien arrivait à sa fin mais, il n’avait pas envie que ça se termine… il avait envie de déguster tranquillement sa boisson tout en faisant connaissance avec l’homme en face de lui. « Rien de mieux qu’un cadre agréable pour s’épanouir professionnellement » Il avait eu besoin de se sentir à l’aise lui aussi car sa personnalité n’était pas toujours comprise aux premiers abords mais, dans son agence, tout se passait bien et il s’y sentait bien. « Cela fait un moment que je travaille dans l’édition mais en tant qu’éditeur, c’est plus récent même si, je vous rassure, je ne suis plus un débutant et je maitrise mon métier. Comme vous, je travaille dans une bonne agence alors ça fait beaucoup » Il avait progressé plus vite grâce à celle-ci.
« Un service ? Dites-moi ? » Gaon semblait très nerveux tout à coup et Hansol s’en inquiéta : « Est-ce que quelque chose ne va pas ? » Il demanda tout en observant autour d’eux à la recherche du moindre signe alors qu’il lui suffisait d’être patient et d’écouter Gaon. Ce qu’il fit. Un sourire effaça l’inquiétude sur son visage et Hansol hocha positivement la tête pour rassurer l’illustrateur : « Pas de souci, je ne voudrais pas être responsable de votre disparition ou si vous vous retrouvez de l’autre côté du pays » Il essayait de faire de l’humour ? « Vous êtes venus à pieds ou en métro ? » Il demanda finalement, réfléchissant à un moyen de s’assurer de la sécurité du jeune homme… lui donner des directions n’avaient pas vraiment fonctionné quelques minutes plus tôt alors peut-être que l’amener à un arrêt de bus ou de métro serait plus astucieux. « Je peux vous déposer devant un arrêt, ça ne m’embête pas ! Au contraire, ça serait plus rassurant vu que vous n’avez pas l’air très dégourdi avec les indications » Il n’était pas méchant, juste réaliste.